CODE LA ROUTE: SA VALIDITÉ PROLONGÉE JUSQU’AU 31 DÉCEMBRE
16 juillet 2020COVID-19, permis de conduire et sécurité routière : les informations essentielles
3 novembre 2020La nouvelle est tombée en milieu de matinée, ce samedi ! Contrairement aux déclarations du Premier Ministre, les auto-écoles ne pourront pas dispenser de leçons de conduite pendant toute la durée de ce deuxième confinement. La Délégation à la Sécurité routière a communiqué l’information aux organisations professionnelles et aux Bureaux de l’éducation routière des différents départements.
Ce matin, alors que la plupart des écoles de conduite avaient informé leurs élèves que les leçons de conduite et les examens étaient maintenus, beaucoup d’entre elles ont découvert – sur les réseaux sociaux ou sur Printel – le message de la Déléguée interministérielle à la Sécurité routière (reproduit ci-dessous).
Messieurs les présidents,
Pour faire suite aux questions évoquées hier, je vous confirme que l’intention est, par le Décret 2020-1310 du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, de ne permettre que la tenue des examens et non d’autoriser les écoles de conduite, de proximité ou en ligne, à dispenser durant la période de confinement des cours de conduite.
La DSR se tient évidement à votre disposition et à vos côtés dans cette période difficile .
Marie Gautier-Melleray
Déléguée interministérielle à la Sécurité routière
À Matignon, des conseillers ministériels hors-sol
Ce message, s’il a le mérite d’être clair (contrairement au Décret), n’en reste pas moins incompréhensible. Il illustre à lui seul le manque de communication au sein de l’administration et la déconnexion totale des conseillers à Matignon avec le terrain.
Lorsque Jean Castex fait son discours jeudi soir et annonce le maintien des activités de formation et des « examens du permis de conduire », de toute évidence, ni le Ministère de l’Intérieur ni la DSR n’ont été consultés. Ils n’ont pas plus été consultés lors de la rédaction du décret paru la nuit suivante.
Face aux différents syndicats de la profession (écoles de conduite et inspecteurs), la Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Marie Gautier-Melleray, ne peut que reconnaître son embarras. Dans le compte-rendu de leur audio-réunion, les représentants de l’UNSA-Saneer écrivent : « MGM dit affronter une réalité douloureuse en raison de la lecture interprétable du décret. Elle cherche à obtenir des éclaircissements quant à sa rédaction, un élargissement est-il prévu ou non sur la dernière partie du décret. »
« L’intention du décret » : le texte et son interprétation
La réponse arrive samedi matin. Après être allée prendre des instructions auprès de Matignon, Gautier-Melleray communique la nouvelle aux différents acteurs : « je vous confirme que l’intention est, par le Décret 2020-1310 du 29 octobre 2020 […], de ne permettre que la tenue des examens et non d’autoriser les écoles de conduite, de proximité ou en ligne, à dispenser durant la période de confinement des cours de conduite. »
Désormais, incapable de prendre des décisions cohérentes, le gouvernement demande aux Français de savoir lire entre les lignes. Comme si les mots ne suffisaient plus à exprimer une « pensée complexe », chère à Emmanuel Macron, il faut désormais ne plus s’arrêter à une interprétation littérale des textes. Il faut en comprendre l’« intention ». Pour ceux qui n’y arriverait pas, l’administration est là pour en faire l’exégèse.
La DSR, dernière informée, doit se livrer à un numéro d’équilibriste et justifier auprès des différents intervenants d’une décision absurde, prise sans elle… par des technocrates ne connaissant rien au secteur de l’enseignement de la conduite.
Une décision absurde
« Abracadabrantesque ! » aurait dit le Président Chirac. L’interprétation du texte de l’article 35 du décret n’est ni compréhensible, ni même logique.
L’examen du permis de conduire est l’aboutissement d’une formation. Il vient valider le fait que l’élève ait atteint un niveau de conduite suffisant pour pouvoir déplacer un véhicule, en toute sécurité, dans le respect du Code de la route. Maintenir des examens sans permettre aux élèves de s’y préparer, c’est les envoyer à l’échec!
Quel élève acceptera de passer l’examen dans ces conditions ? Et quel chef d’entreprise acceptera de présenter ses élèves dans ces conditions ?
On comprend que Matignon veuille maintenir les examens pour éviter le phénomène d’engorgement connu à la fin du premier confinement. Mais il s’agit là d’une fausse bonne idée! En effet :
des élèves pas assez préparés risquent d’échouer (et donc de devoir être représentés en sortie de confinement) ;
ces échecs pèseront sur les taux de réussite des auto-écoles ;
ces échecs induiront des frais supplémentaires pour les élèves.
Il fallait donc soit décider de la fermeture des écoles de conduite et l’annulation des examens, soit les autoriser à poursuivre les formations pratiques et à présenter leurs élèves. La deuxième solution semblait réaliste, d’autant plus que les règles sanitaires étaient plutôt bien respectées et qu’aucun cluster ne s’est déclaré au sein des établissements d’enseignement de la conduite.
Une décision est nécessaire
Au lieu de cela, les services du Premier Ministre ont opté pour un entre-deux complètement incompréhensible et surtout très préjudiciable.
Soit les auto-écoles sont autorisées à travailler, et donc à dispenser des leçons de conduite, soit elles font l’objet d’une fermeture administrative… avec les conséquences que cela comporte : possibilité de placer les employés en chômage partiel et éligibilité aux aides de l’État.
Une décision claire, dans un sens ou dans l’autre et nécessaire, rapidement !